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Max/MSP, un logiciel de création multimédia en temps réel aux nombreuses possibilités

Philippe Montémont, régisseur de théâtre en tournée

Ayant notamment collaboré avec Maguy Marin, le Théâtre Fantastique et le Théâtre de la Jacquerie, utilise Max pour épauler son travail, par le biais d’applications autonomes créées grâce à cette technologie ou en réalisant, en fonction des circonstances et des besoins, des « patches ».

Quel que soit son usage, le grand potentiel de Max/MSP réside dans le fait que c’est la pratique professionnelle (« le métier ») qui a façonné la philosophie de programmation, l’interface et l’ergonomie du logiciel. Ces outils rapprochent le technicien du processus de création, des comédiens, de la scène. Grâce à Max, Philippe Montémont ne regarde plus ses machines mais reste concentré sur l’action sur le plateau.

Comment se présente le logiciel Max/MSP ?

Philippe Montémont : Je dois dire qu’on peut être facilement désappointé à la première ouverture du programme car il ne se passe rien !
On débouche sur une page blanche sur laquelle on va tracer un réseau, genre mécano, que l’on appelle un « patch ».

Il faut savoir que Max est un logiciel de programmation « orienté objet », c’est à dire que le code est représenté sous forme de boites (1) qui portent un nom explicitant leur fonction. Par exemple, l’objet « + » sert à additionner. Ces objets comportent des points d’entrée et de sortie. On les relie entre eux au moyen de fils pour programmer un ensemble.

Il n’est donc pas nécessaire d’être formé à la programmation informatique pour utiliser Max mais il est par contre important de savoir ce que l’on veut fabriquer!

Quel est l‘historique de développement de Max et quel contexte l’a vu émerger ?

Philippe Montémont : C’est Miller Puckette, à l’Ircam, qui le premier a utilisé un Macintosh pour piloter via MIDI la 4X, la station de traitement numérique du signal de l’Institut. C’était en 1986, pour Pluton du compositeur Philippe Manoury.

La société Opcode a assuré ensuite la distribution et le suivi de développement. C’est à ce moment que logiciel prend le nom Max et que David Zicarelli entre en scène, élargissant la bibliothèque d’objets et aussi en créant un SDK (2). Aujourd’hui, David dirige Cycling74, la société à laquelle on doit l’ajout des objets audio et vidéo.

Mais il existe une brève histoire de Max (3) sur l’internet…

Quels sont les points forts de Max/MSP ?

Philippe Montémont : Avec Max aujourd’hui, on est en mesure de gérer en temps réel de l’audio, du MIDI, de la vidéo, du réseau, de l’internet et de créer une interface adaptée au projet en cours. De plus, on réalise tout cela en s’amusant car programmer avec Max, c’est simple et amusant !

Lors des formations que j’anime, je m’efforce de proposer une démarche d’apprentissage ordonnée qui fait gagner du temps, amène rapidement à la capacité de gérer un projet de développement et, je l’espère, préserve la capacité d’amusement qu’offre l’utilisation de Max. Enfin, il faut savoir que le « monde Max » est une communauté de développeurs assez importante et très solidaire.

On n’est pas isolé devant son ordinateur, alors la page blanche, c’est juste au démarrage !

Qu’apporte le fait de pouvoir créer sa propre interface ?

Philippe Montémont : En spectacle vivant – le temps réel par excellence – il est indispensable que l’interface de contrôle d’un programme informatique soit claire et efficace. Par exemple, elle devra permettre une reprise de contrôle aisée, sera en adéquation avec les pratiques des métiers du spectacle, etc.

Ces dernières années, Max a énormément progressé dans ses aspects graphiques, et le MIDI  depuis toujours – permet l’utilisation de surfaces de contrôle performantes.

Max/MSP gère bien le signal audio ou Midi, mais qu’en est-il du signal vidéo ?

Philippe Montémont : La bibliothèque d’objets Jitter offre maintenant la possibilité de traiter de l’image dans Max. L’image entrante est convertie en une matrice sur laquelle on opérera des calculs. Cette façon de faire nécessite de gros calculateurs pour des résolutions d’image élevées mais s’avère extrêmement puissante.

Qu‘avez-vous développé à l’aide de Max/MSP ?

Philippe Montémont : J’ai réalisé pas mal de projets faisant usage de capteurs, pour la danse et le théâtre.

Je me suis depuis concentré sur la conduite informatisée avec CD Regie d’abord, puis avec LightRegie120x (4), mon morceau de bravoure !

(1) Il existe des centaines d’objets Max…
(2) Software Development Kit, permettant à l’utilisateur de créer ses propres objets…
(3) http://freesoftware.ircam.fr/article.php3?id_article=5
(4) http://toys-for-theater.com

Philippe Montémont est régisseur de théâtre

Il utilise Max pour la gestion des conduites son, lumière, vidéo qu’il est chargé de restituer.

Le premier programme qu’il a réalisé est un logiciel de gestion des capteurs dissimulés dans des costumes de clowns transmettant des messages MIDI à un synthétiseur via Max (Cie Théâtre Fantastique, Cybersuite). Un logiciel analogue fut ensuite réalisé pour la compagnie Maguy Marin (Pour Ainsi Dire, 1999) …
Aujourd’hui, c’est avec LightRegie120x – un logiciel réalisé avec Max – qu’il conduit les spectacles du Théâtre Fantastique et du Théâtre de la Jacquerie en tournée.

Contact

Philippe Montemont

Toys For Theater

19, Avenue Maryse Bastie

F.17200 Royan

philippe@toys-for-theater.com

http://toys-for-theater.com

Renseignements sur le contenu

Denis SCOUBEAU,

Publié le 2006-05-08

Source Texte : www.cecn.com, Magazine des Ecritures Contemporaines et Numériques n. 04